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La fidélité comme illusion de sécurité

  • Photo du rédacteur: Gabriel RYĒRSØN
    Gabriel RYĒRSØN
  • il y a 3 heures
  • 2 min de lecture
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Au cabinet, les couples arrivent rarement pour parler de fidélité.

Ils arrivent pour parler de douleur, de choc, de perte de repères.

La fidélité n’apparaît qu’après. Comme une évidence blessée. Comme une règle qui n’avait jamais été vraiment pensée… jusqu’à sa rupture.


La tromperie agit alors comme un projecteur brutal.

Elle éclaire ce qui était déjà là, mais tenu dans l’ombre.


Et ce qui frappe, séance après séance, ce n’est pas tant l’infidélité elle-même.

C’est la confusion persistante entre deux notions pourtant radicalement différentes : fidélité et loyauté.



La fidélité rassure.

Elle promet la stabilité.

Elle donne l’illusion qu’un lien peut être garanti par une conduite irréprochable.


La loyauté, elle, engage autrement.

Elle ne promet rien.

Elle expose.


Être loyal, ce n’est pas seulement ne pas franchir une ligne.

C’est rester responsable de ce que l’on vit, de ce que l’on ressent, de ce qui change : même quand cela dérange le récit du couple.


Un exemple revient souvent, presque malgré moi.

Imaginez votre dessert préféré. Celui qui vous fait saliver.

Devriez-vous, par fidélité, ne consommer que lui ?

Chaque jour. Chaque année. Indéfiniment.


Très vite, la question devient absurde.

Non parce que le dessert aurait perdu ses qualités, mais parce que le goût, lui, évolue.

Le corps varie.

Le désir circule.


Et pourtant, dans la relation amoureuse, cette exigence devient sacrée :


  • Toujours le même désir.

  • Toujours la même attraction.

  • Toujours la même intensité.


Ce que nous refusons dans tous les autres domaines de la vie (travail, amitiés, goûts, trajectoires), nous l’exigeons de l’intime, comme s’il devait échapper au mouvement !



La fidélité absolue n’est pas une donnée naturelle.

C’est une construction.

Historique. Culturelle. Sociale.

Et largement façonnée par des cadres religieux que peu interrogent encore consciemment.


La question n’est donc pas de savoir si la fidélité est “bonne” ou “mauvaise”.

La question est plus inconfortable :


À quoi sert-elle, quand elle n’est plus pensée ?


Car on peut être fidèle et profondément déloyal.

Fidèle en actes.

Déloyal en silence.


Déloyal envers ses propres ressentis.

Déloyal envers ce qui se transforme.

Déloyal envers la vérité du lien.



À l’inverse, certains couples traversent une infidélité sans se détruire.

Non par tolérance naïve.

Mais parce que la loyauté, elle, n’avait jamais disparu.


Dire.

Assumer.

Nommer ce qui s’érode, ce qui manque, ce qui déborde.


La tromperie devient alors moins un acte à condamner qu’un symptôme à écouter.

Non pour l’excuser.

Mais pour comprendre ce qu’elle révèle du fonctionnement du couple.


Ce qui fait le plus mal, souvent, ce n’est pas l’autre.

C’est la chute brutale d’une croyance : celle que la fidélité suffisait à protéger le lien.


Peut-être est-il temps de déplacer le regard.

De sortir de la morale.

Et d’oser une question plus exigeante, plus adulte, plus risquée aussi :


Suis-je loyal envers mon partenaire,ou seulement fidèle à l’idée que je me fais de notre couple ?


La réponse, elle, n’est jamais immédiate.

Mais elle travaille longtemps après la lecture.

 
 
 

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